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Photo du rédacteurGermain Malette

Titine, Nana…et La Cabane





Jacques VIGOUROUX dit Vigouroux Glaz et Marie-Anne Guinvarch se marient en 1894, ont neuf enfants dont Julie, Titine et Nana. 



Jacques a deux frères:


Alexandre dit Vigouroux Ruz pour ses cheveux roux, marin comme lui, 


Jean Marie dit Vigouroux Gwen, qui a fait des études au séminaire, s’est marié et a été employé à la commune de Douarnenez.



Jacques et Alexandre, marins reconnus, décorés respectivement du Mérite Maritime et de la Légion d’Honneur



Trois frères donc …glaz, gwen et ruz…bleu, blanc, rouge…


RHU AG GLAZ, bateau de la famille en difficulté à Audierne – Gaston Pottier



Famille soudée, les deux marins naviguant ensemble, vivant côte à côte…, néanmoins éprouvée par la disparition prématurée de deux fils de Jacques – Alexandre et Lili  – à bord du Glaz Bihen et le décès quelque temps après du mari de Nana, René Gourrot.



Jacques fait construire en 1901 une maison, rue Saint Michel, son frère Alexandre habite la maison d’à côté.



En 1920. Il ouvre un café dans sa maison, Titine a 17 ans, Nana 15 ans.



Une enfance heureuse dans une famille à l’aise que nous laissons maintenant…pour accompagner Titine et Nana….


La buvette, Rue Saint Michel


Elles vont commencer à travailler dans le café puis, petit à petit, à le tenir toutes les deux.

LA CABANE


Peu après la construction


…Sous la neige




En 1931, Nana est veuve avec une petite fille: Les deux sœurs songent alors, aidées par leur père, à ouvrir une buvette au-dessus de la plage des Dames pour satisfaire les habitués de l’été; en 1934, elles obtiennent l’autorisation administrative de Daniel Le Flanchec, maire, pour « l’édification d’une baraque en vue d’y tenir un débit de boissons hygiéniques et alcooliques sur un terrain dominant la grève des Dames ».


Autorisation municipale

Cela ne se fera pas en un jour, la construction sera achevée en 1937, au début de la guerre, tout est fin prêt, une première photo de la cabane en atteste…



Après la guerre, il a fallu consolider la falaise et elles en ont profité pour creuser une cave ouverte sur la baie; passons sur les tempêtes régulières qui ne manquaient pas d’endommager la frêle cabane.



Le commerce était exercé saisonnièrement du 1er avril au 30 septembre, aussi, en hiver, elles continuaient  à exploiter en leur nom, le débit de boissons-restaurant-crêperie de la rue Saint Michel, activité exercée de 1935 à fin 1959.



Toutes deux, l’une restée célibataire, l’autre, veuve, ont toujours travaillé et habité ensemble, complémentaires. Titine était plus sur le devant de la scène, Nana s’occupait, elle, des comptes, des glaces…


Leur sœur Julie, veuve de marin aussi, venait régulièrement leur donner un coup de main le week end.


Aujourd’hui, certains se souviendront encore de la ruche qu’était la Cabane, de sa renommée grandissante, ils se souviendront de Titine, se faufilant entre salle et terrasse avec son plateau rempli de verres à bout de bras, punchs, américanos, alexandras, gin fizz…et  bières rafraîchissantes.



D’autres se souviendront du regard noir de Nana,  de ses coups de torchon…gare aux embrassades trop appuyées !…….mais aussi de ses glaces plus que généreuses…



Le soir, autre rythme, après les cafés du port, la direction était prise pour la Cabane. Il y avait de grandes bandes, de Châteaulin, de Quimper …et, bien sûr, de Douarnenez.



Elles avaient l’exigence d’une Cabane propre, un parquet ciré à point pour mieux danser, des glaïeuls en haut de l’escalier, changés tous les deux jours à cause de l’atmosphère, à l’époque, enfumée.



On dansait au son des disques qu’il fallait choisir selon l’heure et repassés et repassés encore dans la soirée…Mr Lechardeur, l’électricien de la rue Louis Pasteur, passait souvent pour refaire tourner les tourne-disques un peu trop sollicités!

Julie et Nana sur la terrasse

Ce fut l’époque des nouvelles chansons, des nouveaux chanteurs et chanteuses, « Sag Warum » célèbre tube de 1959 avait l’honneur de “faire” la fermeture ou encore « Petite Fleur » et tant d’autres aujourd’hui bien oubliées.



L’ambiance était de bonne tenue, jamais de bagarres, les patronnes étaient respectées et leurs meilleurs amis-clients avaient l’insigne honneur de pouvoir les raccompagner chez elles, avec la caisse “assurée” dans le pot de lait…



Bonne ambiance garantie…

Mais il n’y avait pas que la nuit: beaucoup se souviennent de sorties de messes de mariage où on se pressait pour descendre à la Cabane, bras dessus – bras dessous en chantant fort…vins, apéritifs, danses à la mode sur la terrasse, au grand air…Douarnenez vivait à l’aise, dans l’insouciance…



Mais aussi, “en journée ordinaire”, Georges Perros qui y venait en terrasse, aussi Jean Edern Hallier, Giani Esposito, les officiers de la Belle Poule et de l’Etoile quand ils étaient en baie et tant d’autres de l’heure de midi, les habitués de la terrasse.


…Ceux qui venaient prendre leur bain et ceux qui avaient le droit de plonger.


…Et tous les couples qui s’y sont rencontrés.


…Le soir les moniteurs du Centre Nautique venant même en prames de Tréboul


…Ceux qui travaillaient …ou séjournaient à la cure marine.


…Quand les mauritaniens, autant leurs neveux Pernès que les autres, partaient en campagne, ils approchaient du Guet actionnant la corne de brume, elles les saluaient en hissant le drapeau, ce drapeau hissé chaque jour…souvenirs…






Les meilleures choses ayant, on le sait, leur fin, celle de la Cabane historique eut lieu fin de saison 1974, Titine et Nana avaient toutes les deux passé 70 ans.


L’année suivante, Xavier Montfort, bien connu aussi, reprit l’activité, puis l’aventure de la Cabane changea avec Roger Tudal, qui baptisa son restaurant du nom charmant de “Bigorneau Amoureux”, puis Marc Pors et sa fille Annaïck, “L’Atlantika”…de bons moments, une cuisine impeccable…et puis…et puis, aujourd’hui, la Cabane est toujours là et bien vaillante, toujours prête à nous apporter le bonheur de l’instant, de ces petits bonheurs dont on se souvient longtemps.


Nana est décédée en 1984, Titine en 1997, elle eut droit à un bel hommage de Ouest France et à celui émouvant et joyeux de Patrice Goyat – lire en complément.


Bien sûr, les témoignages des “désormais” anciens seront les bienvenus!



Remerciements à Christine, petite fille de Nana, pour toutes les informations

Titine




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