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Photo du rédacteurGermain Malette

L’embarcadère du Treiz


Photo “Villard” prise du nouveau pont, donc postérieure à 1885: profitons de sa netteté:

  1. une maison en ruine, de part et d’autre, des chaloupes au sec,

  2. une cale grossière et l’escalier qui mène au Treiz,

  3. un chantier de construction,

  4. un bateau “penché.”

Cet endroit était la cale d’embarquement du treizour pour passer au Guet ou à “l’Enfer”, il est surtout célèbre – il est souvent mis en avant pour Douarnenez – pour avoir été peint par Auguste Anastasi en 1870, tableau aujourd’hui au Musée de Quimper, le voici:



C’est un tableau dont on parle pourtant peu ici tant il est éloigné de la réalité, on entend: “çà n’est pas Douarnenez”:

André Cariou dit ceci dans son récent livre: DOUARNENEZ VUS PAR LES PEINTRES: “le peintre élargit l’étroit escalier qui menait au Treiz, l’embarcadère où le passeur permettait de rejoindre l’autre rive. Il ajoute des rochers pour constituer une sorte de scène afin d’y disposer ses personnages. Pour cette toile peinte en atelier à Paris à son retour, il mélange un peu ses souvenirs car les femmes y portent le costume de Pont-Aven”.

..effectivement, l’escalier est un peu plus large…mais surtout un peu plus structuré que celui réel…

Albert RENAULT

Ernest PERNELLE

Deux autres tableaux …où le sujet est mieux traité…


Ajoutons, au fond du tableau, la falaise crayeuse qu’on ne voit qu’en Normandie et on conviendra qu’Auguste – comme Jules Noêl – était dans un état confus quand il a peint tout çà.

Ceci dit, le tableau est intéressant pour nous, voyons de plus près:

  1. nous sommes en été, les arbres sont en feuille, les enfants se baignent, il semble faire chaud car notre bon curé de Tréboul semble se rafraîchir avec son mouchoir,

  2. une femme a du mal à tenir son cochon, pas de mal à imaginer ce que çà sera dans la barque lors de la traversée: elle le mène à l’abattoir, de la rue du même nom, à supposer que l’abattoir existe alors ou dans la cour d’un aubergiste qui a des voyageurs à nourrir…

Bon, nous sommes maintenant un peu plus accoutumé de cet embarquement du Treiz.

Rappelons que ces passages par le passeur – treizour a provoqué des drames difficilement explicables aujourd’hui, voir ici.

Rober-Weir Allan – 1876

Continuons: plus loin, nous avons un chantier de construction: l’accès se fait par, aujourd’hui, la rue du Treiz, deux chaloupes sont en construction, il se situait donc un peu avant la passerelle: Rien d’autre sur ce chantier…



En dernier, ce navire en fâcheuse position…définitive sans doute.


La moindre source, le moindre filet d’eau, même arrivant à la mer sont les bienvenus pour nos lavandières


Georges Bertré – Chasse-Marée par J. Blanken

Eugène Boudin – Le Port Rhu – 1855



Ce qu’on pouvait voir de l’embarcadère du Treiz



COMPLEMENT NOUVEAU – 19.06.19

tiré du récit d’Amédée Besnus, artiste-peintre, “Mes relations d’artiste”:

Encore un endroit charmant à Tréboul, c’est un escalier menant de la grève à la route’, ombragé de vigoureux chênes rageusement agrippés dans les interstices du terrain rocheux, et qui. à marée haute, est, j^qu’à sa moitié environ, recouvert par les lames.

Je me souviens qu’absorbé dans la recherche des valeurs de ton, oubliant l’heure, j’ai dû déguerpir vitement et plier bagage, en criant  à Delobbe, peignant plus loin, un holà qui eut de l’écho.

Anastasi a peint cet escalier, mais il a arrangé le motif à l’italienne, et fait danser la tarentelle sur le sable, là où d’ordinaire on ne voit que des marins radoubant leur canot de pêche à marée basse. Ce tableau breton-italien peut se voir au musée de Quimper.

Lansyer, lui, l’a fait aussi, mais tel que, sans y rien changer ni ajouter, et c’est un de ses

meilleurs tableaux. Tous les peintres, du reste, Font dessiné ou peint, et moi-même ai fait l’un, et l’autre, installé à côté de la source filtrant à travers les terres, et où deux laveuses, bavardes comme des pies bretonnes, pires encore que les autres, ont débité des potins’ et arrangé leurs camarades, je vous laisse, lecteur, à deviner de quelle façon…

Elles voulurent naturellement voir mon croquis du matin et leurs poitrails autour ,du petit lavoir alimenté par l’eau de la source mais tout à coup, je ne sais comment, une des deux glissa si malencontreusement sur son savon posé à terre, qu’elle s’étala à plat ventre, ayant l’air de boire à la margelle, ce que l’autre souligna vertes. malicieusement en riant à dents découvertes.

Heureusement qu’elle n’eut aucun mal, et, s’étant rajustée, elle s’en alla rejoindre sa compagne, un tant soit peu vexée cependant d’avoir été vue dans une position horizontale par un peintre paysageux.



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