Ce froid, que les bretons n’aiment pas, cette période qui nous fait voir de toutes les couleurs pourraient nous inciter à aller voir ailleurs ou à revenir en d’autres temps.
Je vous propose de rester bien au chaud à Douarnenez puis de vous reporter à l’été 1891 dans le Courrier de Cornouaille, feuille catholique et pas que passablement antisémite mais neutre pour ce qui est de la rubrique locale: la sardine ne donne pas, on va en mer pour se payer le bara pem de (approx), le pain de “chaque jour”…on fait des gestes de bravoure, des vols (…si on n’est pas repris par la patronne!)
Aveu: en fait, je m’essaye à présenter de la vieille presse autrement que par capture d’écran plus ou moins illisible…
4.7.1891 – Douarnenez . — On nous écrit le 1″ juillet : Pêche absolument nulle. Le retard de la sardine, qui ne se pêche même plus dans le sud, ne présage rien de bon pour la saison. Si cette pénurie de poisson continue, c’est la misère, à brève échéance , pour nos pêcheurs.
25.7.91 Douarnenez . — Nous rappelons que les régates de Douarnenez ont lieu les dimanche 9 et lundi 10 août prochain.
Pêche nulle.Les petits lots de poisson que les marins prennent de temps en temps, ne suffiront bientôt plus à leur donner du pain .
En ce moment, on parle beaucoup ici, d’un ardent agent électoral républicain, grand mangeur de prêtres, et remplissant plusieurs fonctions honorifiques et autres. Chargé de tenir une caisse, et n’ayant sans doute pas de coffre-fort, il jugeait très naturel de mettre simplement dans sa poche les fonds qu’il recevait. Aussi, quelle confusion, avec son argent personnel ! Il ne pouvait jamais s y retrouver. Pour ne pas être de sa poche, il gardait le tout et, pour plus de sûreté encore, il se faisait, affirme-t-on, payer par une caisse publique des mémoires sortis de son imagination féconde …
Que voulez-vous ? Cet homme n’étant pas riche, craignait de se ruiner. Mais, il y a peu de temps, trouvant que cela tournait à l’abus, les intéressés lui ont fait comprendre , assez durement même , que ce système ne devait pas continuer à être appliqué Et c’est tout ! Ah ! si un pauvre diable de conservateur en eût fait moitié autant, il ne serait pas tranquillement chez lui, la main dans la poche où se trouve encore la caisse pleine de confusion !
1.8.91. Douarnenez — On nous écrit, le 29 juillet : « Bien que les circonstances ne fussent pas le moindrement identiques, beaucoup de personnes ont crû voir, dans l’article de votre dernier numéro, une allusion à un événement plus récent, survenu ici» La vérité est qu’il y a deux affaires au lieu d’une. » Celle dont vous avez parlé se rapporte à un fonctionnaire ministériel (non encore révoqué), qui mettait dans sa poche les fonds dont il était dépositaire, tandis que l’autre, que tout Douarnenez connaît maintenant, est la révélation d’une suite d’escroqueries commises par un fonctionnaire municipal au préjudice de particuliers. »
Il est juste de dire que l’administration communale, se souvenant sans doute, d’avoir été soutenue jadis par les honnêtes gens, a eu le courage de faire son devoir en dénonçant le premier cas et en mettant à pied, dans le second, le fonctionnaire improbe. » Mais il est facile de prévoir que tout se bornera là» Ajoutons que cela ne nous surprend pas : les opportunistes ont l’habitude de laver leur linge sale en famille. Mais nous voudrions bien savoir qui remplira les caisses vides ? L’argent des contribuables sans doute.
Toujours peu de pêche. De temps en temps quelques milliers de sardines vendus de 25 à 40 fr. Mardi, 4 bateaux de Douarnenez sont revenus avec 10 à 15 000 sardines chacun, pêchées dans la rivière de Brest. Ils ont vendu leur poisson 35 à3 6fr aux usines.
8.8.91.. Douarnenez . — Depuis le 27 juillet, le service de Brest à Douarnenez et vice versa, par vapeur Glaneuse, a été modifié : les départs ont lieu trois fois par semaine : de Brest, les lundis, mercredis et vendredis, à 3 heures soir ; de Douarnenez, les mardis, jeudis et samedis, à 3 h. 30 soir. Prix de la traversée : 1ére cl., 5 fr., 2° cl. 2 fr. 50 ; aller et retour valable pour huit jours, 8 fr.
Ile-de-Sein. — Par suite de la sécheresse, l’île-de-Sein manquait absolument d’eau ces jours-ci: mercredi un remorqueur du port de Brest, le Haleur, y a conduit deux bateaux-citernes.
15.8.91..D o u a r n e n e z . — Triste accident. —
Le samedi 8 août, veille des régates,
deux jeunes gens MM. Victor et Christian Renot, fils d’un honorable négociant de Douarnenez, étaient en train d’apprêter leur yacht, qui était échoué et béquille sur la grève : ils avaient eu tort de laisser la grande voile hissée. Un coup de vent fit chavirer leur yacht qui
en tombant sur eux les blessa grièvement : Christian a eu la jambe gauchecassée à la hauteur du genou , son frère Victor la cheville du pied droit également brisée.
Remise de récompenses — Dimanche dernier, jour des régates M. Spitalier, faisant fonctions de commissaire de l’inscrjption maritime a solennellement remis, sur le môle du Grand Port,
les témoignages ofïïciels de satisfaction décernés par le ministre de la marine à deux enfants de sept et onze ans,Trocmé et Le du, pour le courage dont ils ont fait preuve en sauvant deux jeunes gens plus âgés qu’eux; Le du est le fils du patron du canot de sauvetage.
M. de Penanros, président de la société de sauvetage, a joint ses félicitations à celles du ministre, puis M. Macé, inspecteur de la société centrale de sauvetage des naufragés, s’adressant au patron Le du, a salué, en quelques paroles vibrantes, les pêcheurs de
Douarnenez, dont les vaillantes qualités et le dévouement ne failliront pas si la patrie est menacée.
22.8.91.. Audierne . — Samedi matin, 15 août, vers quatr e heures, le bateau de sauvetage de l’Ile de Sein abordait à Audierne. Son équipage était exténué de fatigue. II venait demande r des vivres à l’administration de la marine . Une fois ravitaillée, cette embarcation est partie pour l’Ile. La veille.dans la soiróe,les guetteurs du sémaphor e de la pointe du Raz avaient signalé un steamer, à six mille environ au sud de l’Ile, ayant un incendie à bord. Ordre a été donné immé – diatement par télégramme au bateau de sauvetage de l’Ile do Sein d’aller au secours de ce steamer. Lo bateau a ét é lancé à l’Ile, vers 8 heures du matin. Mais son équipage n’a pa s trouva trace du vapeur incendié, pas plus que de son équipage. Cependant le bateau do sauvetage a été en recherche toute la nuit dans la baie . Il a même poussé une reconnaissance jusqu’à Penmarc’h . D après les gens de la côte, l’incendie du navire était accompagne de détonations. On présume qu fi était chargo de pétrole ou de trois-six. On ignore jusqu’à présent quel est le sort de l’équipage . Comme fi y avait de la brumo, fi est possible que les marins qui le montaient aient navigué vers lo large au lieu de se diriger vers la côte.
Douarnenez . — Le 15 août, vers 9 heures du matin, le jeune Trocmé , Eugène, âgé de 6 ans, s’est tué en tombant du grenier de la maison où il habitait avec ses parents, rue Monto-auCiel. — La 15 août dernier, les nommé s Henri Droafinet Florency setrouvai’înt près de la murette de l’escalier qui donne accès à la Criée, près du grand port. Unu disaussion s’engagea entr’- eux et ils en vinrent aux mains. Droalin saisit Florency et manqua de le renverser par dessus le petit murtin. Florency put se débarrasser, renvers a son adversaire sur U murette, puis, parait-il, le eaisit oar les jamba s et le fit basculer de l’autre côté. Droalin tomba d’une hauteur d’environ deux mètres cinquante sur les marche s de l’escalier. A partir do ce moment, il ne put proférer aucune parole et expira dans la journée du 18, à la suite de ses blessures. Le parquet s’est transport é mercredi à Douarnenez. pour procéie r à une enquête . Il résulte des constatations de M. le docteur Le Quinquis,que Droafin a succombé à une congestion et qu’il y a fracture de crâne . Florency, qui est, père dtjsix enfants, a élé arrêté et conduit à Quimper.
Mardi matin, 25 août, vers 4 h, la chaloupe de pêche Saint-Charles patron Gloaguen, de Douarnenez. a été abordée et coulée par la chaloupe Dévastation, patron Kérivel, Joseph, de Morgat, à peu de distance de la bouée rouge située à trois milles environ de l’entrée du port d’Audierne. Ces embarcations sortaient du port à la voile et se rendaient sur les lieux de pêche. Le Sainf-Charles naviguait tribord amure et la Dévastation bâbord amure , ce qui a été le motif de leur abordage . L’équipage naufragé a été sauvé par le bateau abordeur et le bateau coulé a été ramené entre deux eaux à Audierne par le patron Kérivel et le patron Berlivet, de Douarnenez. Le Saint-Charles a plusieurs côtes enfoncées. Il a perdu “sa misaine et plusieurs autres objets de son matériel”.
22 août, des malfaiteurs se sont introduits dans un jardin appartenant à M. Grivart, et situé au Guet en Douarnenez, après avoir pris une grande quantité de poires et brisé plusieurs branches de poirier, les voleurs se sont enfuis et il a été impossible jusqu’à présent de retrouver leurs traces.
— “On” nous écrit : « Depuis le passage à Douarnenez de M. Guyot, ministre des travaux publics, il y a un de nos compatriotes qui na se tient pas de joie. » Il dit à qui veut l’entendre que M. Guyot lui a promis à nouveau de le faire nommer prochainement juge de paix. » Cette promesse aurait été faite à la suite d’un entretien dans lequel M. Cosmao aurait exposé de son mieux la situation de la compagnie des pompiers de Douarnenez. » Car il s’agit, on l’a deviné, de M. Albert Cloarec, un monsieur très bien, dont vous avez eu déjà à vous occuper. Lui seul mérite cette flatteuse distinctionl! » Oui M. Albert Cloarec va être notre juge de paix. » Il n e connaît pas le droit, c’est vrai ! Il n’ a aucun titre à remplir ces fonctions, c’est encore vrai. Le jour où il sera nommé, il fera certainement le plus mauvais juge de paix qui se puisse imaginer. Personne, pas même M. le Préfet le contestera. Il décrochera cependant la timbale. Cosmao l’a pris sous sa protection. Bien plus, Hémon lui a écrit une lettre pour l’assurer que sa nomination ne tarderait pas» Enfin M. Guyot aurait lui aussi donné sa parole. » On le voit, la nomination de M. Cloarec ne peut tarder et on va un de ces jours le bombarder magistrat. On a bien nommé juge de paix à Ploudalmézeau un vétérinaire des Côtes du Nord. Un vitrier fera tout aussi bien l’affaire.
A part le canton qui tombera sous la coupe de ce magistrat “nouvelles couches”,tout le monde sera content». Douarnenez sera enchanté d’être débarrassé de son lieuteant de pompiers. La compagnie est capable de banqueter le jour de son départ. Les habitants qui n’ont pas beaucoup de sympathie pour M. Cloarec le verront filer sans ressentir aucun chagrin. Enfin tout le monde sera satisfait. » Voilà qui va mettre à l’aise M. le Préfet. » La visite de M. Guyot aura eu du moins quelque chose de bon»
Ile de Sein – Le 21 août 1891, le sieur Le Gonidec, François, âgé de 58 ans, patron du bateau de pêche Sainte Anne, n’ 1082, du quartier de Quimper a été victime d’un vol de 4 casiers en bois, d’une boussole et de 20 mètres de cordage, lesdits objets estimés 15 fr. Le vol a dû être commis la nuit au moyen d’un canot, le bateau du sieur Le Gonidec se trouvant mouillé à 50 mètres du quai.
Douarnenez . — Mardi 5 septembre on a trouvé dans la baie de Douarnenez, le cadavre d’Hervé Le Bis, né à Goulien, en Plogoff. On suppose que cet homme s’est noyé la 19 août en péchant sur les rochers qui bordent la côte. L’inhumation a eu lieu le jour même.
Dans la nuit du 30 au 31 août, des voleurs ont forcé les portes de cinq des cabines de bains situées sur la grève des dames et y ont soustrait des effets de bain estimés 56 fr. environ
Le 20 Septombre, à 5 h du soir, deux individus sont entrés chez le sieur S. ,cabaretier, rue Jean Bart et se sont fait servir un demi-litre de vin chaud. Au bout de quelque temps passé dans l’établissement, un de ces individus voulut s’enfuir sans payer, Mme S… le fit revenir s’asseoir près de son camarade . Peu d’instants après, profitant de ce que Mme S.. . servait un client au comptoir il réussit cette fois à s’esquiver. La cabaretière réclame alors la somme de 1 fr. 60 à celui qui restait. Pour toute réponse celui-ci tenta de partir sans solder ; mais suivi par Mme S.. . il la poussa dans le corridor et lui donna un fort coup de poing à l’œil droit d’où le sang jaillit abondamment.
24.10.91
LE PATRON LE DU
Cannot « Maréchal Mac Mahon»
Pendant les dernières tempêtes, le canot de sauvetage de Douarnenez a fait trois sorties qui méritent d’être signalées.
La première fois, le 11, il sort a 10 h. 20 du matin et ne rentre qu’à 5 heures ramenant 4 hommes sauvés. Pendant cette sortie le canot était monté par Jacques Le Du, patron ; Herlé Quinquis, sous-patron ; Guillaume Doaré, Baptiste Trocmé , Michel Arvor, Emmanuel Le Du, Nicolas Calvez, Jean Le Du. Pierre Le Berre, Mathieu Caradec, Pierre Guidal, Jean Trévidic, canotiers.
La deuxième sortie a lieu le 13 : parti à 9 heures du matin le canot rentre à 2 heures 1/2 ramenant au port 14 hommes sauvés. Pendant cette sortie le canot était monté par Jacques Le Du, patron ; Harle Quinquis, sous-patron ; Guillaume Doaré, Michel Arvor, Emmanuel Le Du, Nicolas Calvez, François Féchant, Julien Le Gall, Pierre Guidal, Baptiste Trocmé, Eugène Tournier, Hippolyte Guillou, canotiers. Mais la tempête est encore dans toute sa force : il y a encore des barques en détresse. Le canot repart à 2 h. 3/4 et ne rentre qu’à 7 heures. Le patron Le Du et le sous-patron Quinquis n’avaient point quitté la barre : les canotiers seuls avaient été changés : voici les noms des homme s qui montaient le canot de sauvetage pendant cette troisième sortie :
_________
Jacques Le Du, patron ; Herlé Qainquis, sous-patron ; Ambroise Carn , Mathieu Caradec , François Bihan , Jean Trévidic, Eugène Marot, Herlé Bernard, Pierre Le Berre, Adrien Le Du Jean Le Du, canotiers ; Isidore Carnec, canotier provisoire.
Comme on le voit les canotiers du Maréchal-de-Mac Mahon ont pendant ces deux journées accomplis leur devoir d’une façon héroïque. Mais nous devons une mention toute spéciale au patron Le Du, et c’est avec plaisir que nous trouvons aujourd’hui l’occasion de lui consacrer quelques lignes:
Jacques-Marie Le Du est né à Douarnanez le 25 décembre 1833 : c’est aujourd’hui un homme dans toute la force de l’âge. Ses traits dénotent une énergie toute particulière : il porte toute sa barbe, épaisse, rude, comme beaucoup de nos pêcheurs de la côte. A 9 ans Le Du se jetait à l’eau et sauvait un camarade qui se noyait. Il y a quelques mois le fils Emmanuel Le Du a renouvelé le trait de courage du père : ce bambin qui n’avait que 8 ans le 14 mai dernier se jetait à l’eau pour sauver un jeune enfant de 6 ans Yvon Moigne, qui était tombé de la cale du grand port et se serait infailliblement noyé. Emmanuel Le Du a reçu pour ce fait un témoignage de satisfaction du ministre de la marine . Da 17 à 20 ans le patron Le Du navigua au grand cabotage. A 20 ans, il entre au service le 9 mai 1859 et quitte la service la 10 novembre 1866, avec le grade de quartier-maître de manœuvre de 1″ classe. Pendant ces 87 mois, Le Du se signala par plusieurs actes de dévouement : étant en congé le 11 novembre 1863, il sauvait l’équipage du brick Léon-Isabelle-Alfred de Nantes, jeté à la côte sur la plage du Ry. A Toulon il se jetait à la mer du haut du navire qu’il montait pour porter secours à une embarcation qui venait de chavirer. Aussi en 1875 le comité lui confiait le commandement du canot de sauvetage de Douarnenez. Depuis cette époque jusqu’ à ce jour nous relevons sur le journal du Comité local 48 sorties effectuées par le bateau de sauvetage et à 4 ou 5 exceptions près se trouve Le Du à la tête de son équipage. 75 personnes ont été sauvées directement par le bateau, c’est à-dire recueillies à son bord. Plus de 80 embarcations ont été secourues par lui ; des navires, des chaloupes désemparées ont reçu du bateau de sauvetage les secours matériels nécessaires tels que ancres ou grappins de sûreté, voilures, mâts ou avirons de rechange . Que d’autres mouillés dans des parages dangereux et exposées à tous les périls de la tempête ont trouvé dans la présence du bateau la confiance et l’énergie nécessaires pour rentrer au port sous son escorte. Tous ces faits ont acquis au patron Le Du non seulement les sympathies on pourrait dire la vénération de la population tout entière. Le patron Le Du a déjà reçu les médailles de bronze, d’argent et d’or de la Société centrale de sauvetage. Il a en outre reçu la médaille d’or et le prix Cloquet. — Une montre en or lui a été également décernée par la Société centrale.
La marine lui a accordé un témoignage officiel de satisfaction ainsi que la médaille du départ en argent de 2° classe. Un fait à noter : à la réunion générale des sapeurs-pompiers du Finistère, tenu au mois d’août 1890,à Douarnenez. les représentants de cette corporation ont décerné à Le Du, le titre de membre honoraire, ayant à cœur de s’adjoindre un homme qui a tant arraché de victimes à la mer. Le Du a donc passé par toute la série des récompenses ordinaires qu’il soit donné d’obtenir ; il en reste une autre , extraordinaire celle-là mais à coup sûr méritée. Nous avons la ferme confiance qu’elle ne se fera pas attendre et qu’avant peu sur la vareuse bleue de ce fier breton nous verrons se détacher le ruban rouge des braves. Ce sera une récompense méritée pour le patron Le Du, récompense dont l’honneur rejaillira aussi sur les canotiers du Maréchal-de-Mac-Mahon, nom prédestiné, synonyme de l’honneur et du dévouement. Le patron Le Du a trois enfants deux fillettes Anna Le Du, 10 ans, et Lucie Le Du, 7 ans ; un garçon Emmanuel Le Du, que nous connaissons déjà. Nous avons raconté plus haut le trait de courage accompli par ce brave petit bonhomme . On conçoit par quelles angoisses doit passe r toute la famille du patron Le Du, quand le canot de sauvetage est au loin, quand réunie sur le môle, inquiète, retenant ses larmes, elle le cherche des yeux, au milieu des rafales de la tempête. Mais quelle joie quand il revient et combien doivent être douces pour le patron Le Du, les caresses de ses enfants lorsqu’il rentre extenué, trempé, glacé par le froid, fier aussi du devoir accompli. Et peut-être est-ce là pour lui la plus précieuse des réoompenses.
Comments