Continuons sur la tempête – Sur le “Ville d’Etel”
- Germain Malette
- 23 avr. 2019
- 4 min de lecture
Durant les heures d’angoisse où soufflait la tempête
LA VILLE D’ ETEL A RENDU D’IMMENSES SERVICES
UN JOURNAL DE BORD BIEN REMPLI
La « Ville-d’Etel » avec le mécanicien et ses deux hommes d’équipage
ETEL, 28 septembre (De notre rédaction lorientaise)
“La Ville d’Etel” est le nom d’un bâtiment de sauvetage qui, dans les heures grises que nous venons de vivre, mérite d’être salué, dans son capitaine et dans son équipage.
La Municipalité d’Etel, dans la séance du 15 février 1930, sous la présidence de M. Jean-Marie Marec, son maire dévoué, votait un emprunt de 100.000 francs, pour l’acquisition d’un remorqueur, d’accord en cela avec les marins et armateurs de la Rivière d’Etel qui versaient la somme de 150 francs chacun.
A cet effort du port d’Etel répondait le Conseil Général du Morbihan, et bientôt, en très peu de temps, le chiffre de 170.000 fr. fut couvert.
Ce remorqueur, d’une puissance de 80 chevaux, que notre photo représente au bout du môle d’Etel, le 25 septembre dernier. est actionné par un moteur à huile lourde. Il a déjà rendu de grands services, tant au point de vue remorquage que sauvetage, car le port d’Etel est handicapé par une barre dangereuse ide sable) et d’un accès très difficile.
La nuit comme le jour, ce remorqueur, commandé par un vrai loup de mer, le capitaine Xavier Le Guennec. 53 ans, et dont le chef mecanicien est M. Jean-Marie Nuheo. appareille par tous les temps, pour porter secours aux bateaux qui s’echouent en sortant ou en rentrant sur la Barre d’Etel ».
Nous avons eu l’occasion de le voir à l’oeuvre, après la tempête, sortant a la recherche des thoniers désemparés et les ramener au port.
Mais déjà l’Ouest-Eclair a mentioné ce beau trait du remorqueur « La Ville d’Etel », qui se portait, le 17 mars, au secours du chaland d’un parqueur de Mendon, il n’eut Que le temps de sauver deux hommes qui allaient se noyer. Tout dernièrement, par nuit obscure et mer très grosse, un sableur de Lorient s’échouait sur la barre. Une heure après, l’équipage et le bateau étaient sauvés par le remorqueur Vlile-d’Etel
« La Ville-d’Etel au secours des dundees désemparés
Nous étions sur ces quais du port d’Etel dont le flot montant battait déjà les dalles de granit, quand nous fûmes mis en présence d’un homme aussi courageux que bon et désintéressé, le patron justement de la Ville d’Etel.
Interviewer un marin n’est pas chose facile dans nos ports occidentaux, car l’action personnelle, fut-elle la plus vaillante et la plus méritoire, demeure muette.
Mais nous insistâmes. Ne faut-il pas d’ailleurs que grâces soient rendues à tous ?
Le patron Le Guennec nous par la donc longuement et, si notre mémoire n’est pas trop défaillante, voici ce que nous avons appris du rôle de la Ville-d’Etel, dans ces jours d’angoisse
22 septembre. Peau-d’Ane, navire désemparé et rejeté sur la côte d’Erdeven, ne pouvant plus doubler la barre, est tiré d’affaire par le remorqueur.
Recherche de la Micheline, désemparée. La Ville-d’Etel ramène 4 naufragés.
A 20 heures, ayant aperçu le Henri-Marie désemparé, le remorquur l’accoste et le prévient qu’au petit jour, le lendemain, on le rentrera à Etel. la marée étant propice.
23 septembre Le Henri-Marie est a peine rentré, à la pointe du jour, que la Ville-d’Etel sort à nouveau et aperçoit un thonier en difficulté, sous le vent. Il remorque ce bateau s’appelant le Joseph-Renée, sur lequel un homme manquait et dont l’équipage comprenait 3 blessés ces derniers incapables physiquement de reprendre la remorque. Une fois mouillé, l’équipage du remorqueur passe à bord et aide à la manoeuvre
Petit-Poucet, même état. Fleur de Sainte-Anne. Etat plus lamentable encore, un homme enlevé patron blessé grièvement
Dans la soirée, pour la quatrième fois, le remorqueur sort à la recherche du Marthe- Amélie, désemparé, temps bouché. Il rencontre, après de nombreuses recherches dans la brume ce bateau, qui annonce que son patron a disparu dans la tempête. Il rentre à 9 h. 30 à Etel, par temps complètement bouché
24 Septembre (14 heures). Sorti à la recherche du Bazile, signalé desemparé et venant vers le port avec une mature de fortune, remorqué par un thonnier de Lorient: Léontine-Fernande L. patron Le Leuch, qui le remarquait, depuis Penmarc’h.
Pris la remorque du Bazile au large d’Etél et le ramène au port. A son bord. tout l’équipage au complet, sauf un blessé grièvement à la face et qui depuis 30 heures, ayant une hémorragie que ses camarades étaient incapables d’arrêter
Dimanche 21 septembre, ayant rencontré un bateau terre-neuvier, dont le nom est demeuré inconnu, le capitaine est monté à bord du Bazile, a arrêté l’hémorragie et fait un pansement soigné .Le blessé a déclaré que sans l’intervention de ce brave capitaine morutier, il n’aurait plus jamais revu Etel.
Le 24 septembre (16 heures). Repassé la Barre pour aller chercher le Petit-Vincent, désemparé, un homme de perdu. Rentré à Etel à 17 h 30. En-suite, effectué plusieurs manœuvres de rivière.
Tel est ce journal de bord laconique mais combien impressionnant.
Et la vie continue
25 septembre, sortie de l’Etoile de la Mer pour les lieux de pêche.
Ils sont indifférents ou presque aux compliments, ces braves marins sauveteurs. Nous les féliciterons de tout cœur tout de même. ne serait-ce que pour les donner en exemple.
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LG
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